Projet de recherche

Sarah El Guendi lauréate du Prix de la recherche 2023 « Genre et Santé » du Comité Femmes & Sciences



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Ⓒ Aurore Delsoir

Sarah el Guendi, Professeure associée au département de criminologie de l’Université de Liège a reçu le deuxième Prix de la Recherche 2023 « Genre et Santé » décerné par le Comité Femmes Sciences. Ce prix récompense ses travaux de recherches menés dans le cadre de sa thèse de doctorat intitulée « Sortir de l’emprise d’une temporalité à l’autre- Analyse compréhensive et sociocognitive du vécu de femmes victimes des stratégies de contrôle et des agirs violents d’un (ex-) conjoint dominant », qui s'inscrit au cœur des études de genre et de la victimologie clinique.

C

e prix lui a été officiellement remis lors de la journée organisée par le Comité Femmes et Sciences en marge de la journée internationale des femmes et filles de sciences, où Sarah El Guendi a eu l'opportunité de présenter le projet de thèse honoré par ce prix.

Résumé de la thèse de Sarah El Guendi

Nous observons depuis quelques années un mouvement de reviviscence féministe centré sur la question des violences à l’égard des femmes. Rendre visible le vécu de femmes sous emprise, mettre en mots des expériences singulières et prêter une attention toute particulière aux voix les plus imperceptibles, tel a été le postulat de la thèse de Sarah El Guendi. Cet ancrage dans l’expérience vécue permet de regarder en face les réalités singulières de la soumission dans un contexte de domination masculine. Partant de l’analyse de la condition profondément subjective qui est celle des femmes sous emprise et qui fait d’elles, simultanément, des actrices capables, l’étude a pour ambition d’explorer l’évolution de leurs ressources sociales et cognitives sous-tendant la persistance de l’emprise, ainsi que les mécanismes aidant à la sortie de celle-ci.

En contexte d’intervention, la recherche défend l’idée qu’il convient de situer temporellement les victimes dans leur trajectoire de sortie afin de définir un   accompagnement répondant à la dynamique relationnelle et aux contextes particuliers de chacune d’elles. À la suite de la démarche itérative de théorisation progressive, les résultats ont permis de créer trois modèles théoriques qui conceptualisent les différents états sociocognitifs – moments états - des victimes se situant à des postures - moments temporels - différentes de leur parcours de sortie. Les modèles élaborés dans le cadre de ce travail, nommément la posture oscillant entre soumission et éloignement, la posture de la prise de conscience d'une soumission active et celle du développement d'un pouvoir d'agir, ont pour objectif de servir de guides aux professionnels de la santé et aux intervenants psychosociaux. Ils permettent de contextualiser les réalités plurielles des victimes dans une optique à la fois interactionnelle et intersectionnelle.

Ce travail de conceptualisation témoigne d’une vision œuvrant l’émancipation des femmes victimes, en tant qu’actrices ancrées dans une histoire personnelle et un tissu de connexions sociales. Longtemps, les victimes ont été immergées dans une sphère intime et sociale régie par des mécanismes de domination qui contraignent leur capacité d’action et de réflexion. Au niveau individuel, ces contraintes normatives sont transposées en tant que croyances et schémas de pensée qui sont alors convoqués pour donner sens à leur condition de soumission.

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