Doctorat

Défense de thèse de Justine Contor

Sciences politiques et sociales



Info

Dates
Vendredi 5 juin 2020
Location
retransmission en direct via Youtube
Duration
2h
Schedule
15h00 à 17h00

La défense de thèse de Madame Contor sera retransmise en direct sur la chaine YouTube de l'Unité de Recherche Cité. 

Nous vous invitons à vous connecter dès 15h00 en utilisant le lien suivant : 
https://www.youtube.com/channel/UCi8_IOUMYE9IJg7KxwSP43g/live

 

Chorégraphies néolibérales. La disciplinarisation des ONG de développement belges.

Le secteur extrêmement diversifié des ONG de développement belges a connu des mutations fondamentales au cours des vingt-cinq dernières années. Aujourd’hui, il se présente comme plus professionnel que jamais : les ONG cherchent à améliorer la qualité de leur travail, leur performance, elles pratiquent l’évaluation, ont instauré des processus de gestion interne et visent l’atteinte de résultats avec leurs projets, qu’ils soient au « sud » ou au « nord ». 

Mais d’où vient cette quête de « professionnalisme », de « bonne gestion » et de « performance » ? Dans quelle mesure cette dernière est-elle soluble ou, à l’inverse, n’entre-t-elle pas en contradiction avec leur mission sociale ? De manière plus générale, que sont et que font les ONG belges de développement aujourd’hui ? Elles comptent, traduisent, gèrent, interpellent l’opinion publique et les décideurs politiques, s’adaptent, grossissent, se fragilisent, elles font des projets de développement, certaines se font exclure, elles critiquent, Bref, elles dansent en tentant de suivre le rythme d’une transformation néolibérale.

En Belgique, la coopération au développement existe depuis la période coloniale, mais c’est dans les années 1960 que s’organise véritablement une administration de la coopération au développement. Les ONG, de leur côté, existent depuis les années 1940. Il faudra toutefois attendre le milieu des années 1960 pour qu’elles soient cofinancées par l’État belge et les modalités de ce cofinancement n’auront de cesse d’évoluer au fil du temps allant jusqu’à créer une situation de quasi-marché des ONG.

Au vu du lien particulier qu’entretiennent les ONG avec l’État belge, se pose alors la question suivante : comment agit l’État lorsqu’il est un acteur indirect et qu’il « fait faire » une partie de la coopération au développement en prenant appui sur des organisations, composées de professionnels qui revendiquent leur autonomie idéologique et d’action ? Notre analyse démontre qu’au fil du temps, l’État, en prise avec les injonctions du new public management, augmente le contrôle qu’il exerce sur les structures non gouvernementales qu’il finance. Il développe pour cela tout un arsenal de dispositifs de gouvernement, qui va du cadre règlementaire en passant par des audits mis en œuvre par des sociétés privées de consultance.

Cette thèse soutient donc que les individus, les organisations, les acteurs politico-administratifs et les dispositifs sociotechniques (les humains et les non-humains) font l’objet d’interactions permanentes donnant lieu à des formes de chorégraphies ontologiques qui reconfigurent leurs modalités d’existence (Cussins, 1996; Thompson, 2005). Nous montrons ainsi que les acteurs et les dispositifs sont pris dans un ensemble de chorégraphies, de pas de deux, parfois de trois, voire de groupe. Ces chorégraphies formes des « corps à corps » qui révèlent les dynamiques de coordination (Thompson, 2005) qui se jouent entre les dispositifs sociotechniques, les ONG, les travailleurs, la vision de la coopération au développement, le cadre légal ou encore les aspects financiers. Chacun se laissant agir par l’autre, ces danses font bouger l’ensemble du secteur à l’unisson, mais chacun à sa propre façon, dans un mouvement néolibéral.

 

Le jury sera composé comme suit :

  • Pr. Catherine Fallon (ULiège), Promotrice
  • Pr. Gautier Pirotte (ULiège), Co-Promoteur
  • Pr. Nadia Molenaers (Universiteit Antwerpen), membre du comité de thèse
  • Pr. Béatrice Hibou (Directeur de Recherche CNRS – CERI), membre du jury
  • Pr. François Audet (Université du Québec à Montréal – UQAM), membre du jury
  • Pr. Pierre Verjans (ULiège), Président du jury, membre du jury

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